• DOSSIER - TELECOM : Un secteur promis à la privatisation

    Si la tendance, depuis le début de la décennie quatre-vingt-dix, est à l'ouverture accélérée des sociétés nationales des télécommunications au secteur privé, les privatisations ne se font pas à n'importe quel prix.

    Déréglementation, privatisation... Depuis quelques années, ces mots font peur en Afrique. Ils renvoient à des images sombres, où des cohortes de pères de famille, brutalement licenciés ou "déflatés", incapables de retrouver un empoi stable, côtoient le spectre d'une cession accélérée, dans des conditions obscures, des biens publics précieux à des groupes étrangers à l'affût, par des gestionnaires africains qui n'ont pas été eux-mêmes capables d'améliorer l'outil qui leur avait été confié. Quand la privatisation ne renvoie pas, tout simplement, à l'image crue d'un "bradage" par certains des atouts nationaux, pour des intérêts tout personnels...

    Les télécommunications africaines font justement partie de ces secteurs, déclarés par tous les Etats comme "stratégiques". Avec elles, ce sont, depuis des décennies, les relations du pays avec le monde extérieur qui sont en jeu. Grâce à leur facilité de mise en oeuvre, à leur coût d'utilisation plus ou moins grand, les usagers nationaux peuvent entrer plus ou moins facilement en communication entre eux, les commerçants conclure un marché, les dirigeants se concerter.
    Mieux, les télécommunications touchent aussi, depuis quelques années, à un domaine plus précieux : l'information. Depuis que les réseaux (qu'ils soient câblés, par satellite ou qu'ils utilisent d'autres technologies) sont conçus pour véhiculer de plus en plus d'informations commerciales, financières, politiques, leur importance est devenue stratégique.
    Autant dire que le double mouvement de privatisation-déréglementation, qui affecte aujourd'hui les sociétés nationales du continent, revêt une importance dont peu de secteurs peuvent s'enorgueillir. Résultat, si la tendance générale est, depuis le début des années quatre-vingt-dix, à l'ouverture accélérée des sociétés nationales de télécommunications et à la déréglementation des marchés, celles-ci ne se font pas n'importe quel prix.

    Dans un premier temps, pour plusieurs pays, les sociétés de télécommunications nationales ont été dissociées de services des postes, ce que certains appellent "le modèle français". A deux métiers différents, deux entités distinctes, justifient les partisans de la formule.

    Initié dès 1985 au Sénégal, avec a création de le Société nationale des télécommunications su Sénégal (Sonatel) face à l'Office des postes et de la caisse d'épargne (OPCE), par la suite le mouvement va s'étendre dans de nombreux pays, dont le Cameroun.
    Ce qui n'empêchera pas les différentes entités de proposer, dans de nombreux pays, des services nouveaux, comme au Cameorun où Intelcam (aujourd'hui Camtel) proposait à ses clients non seulement le téléphone et le télex, mais aussi la télécopie, la télématique et le minitel, assurés grâce notamment au réseau Campac de transmission de données "paquets", adopté en 1989.
    Parallèlement, la structure juridique des exploitants publics des télécommunications se dépoussière. L'autonomie des budgets devient la règle. Plusieurs se transformeront en sociétés par actions, passant ainsi sous le contrôle direct de leurs actionnaires.
    Pour d'autres entités étatiques, la modernisation passe passera par des accords étroits avec de grandes sociétés internationales, comprenant par exemple l'établissement de plans de développement concernant et la fixation d'objectifs ambitieux.

    Quant au domaine de la distribution des services de télécommunication de base au public africain, le changement sera déjà bien visible: nombreux seront les opérateurs publics qui transfèreront sur leur marché intérieur, la gestion de publiphones et autres points téléphone aux petits commerçants privés, voire à certains particuliers.
    Mais dans tous les cas, une véritable privatisation n'est pas encore, sauf exception, entrée dans les moeurs en Afrique, bien que de nombreux projets de nationalisation dans certains Etats africains restent encore dans des cartons. Il est vrai que cette situation n'empêche pas certaines autorités africaines de s'efforcer de rationnaliser le développement de ce secteur en mettant sur pied des organismes de régulation.

    Parallèlement à ce dépoussiérage nécessaire, l'irruption des nouvelles technologies ouvre chaque jour un peu plus certains segments, bien délimités, du secteur. Principal domaine pour ce changement, les télécommunications à l'échelle internationale. Un segment important, génèrant plus de 50% des recettes totales; un domaine à la fois rémunérateur, sinon le plus neuf et le moins strictement réglémenté, que l'évolution est la plus patente. Autre avancée dans ce domaine, le développement des projets de liaisons par fibres optiques, grâce à des câbles sous-marins (ou à une combinaison câbles-satellites) reliant le continent africain au reste du monde.

    Dans les radiocommunications, le "cellulaire" avait d'ores et déjà conquis ses titres de noblesse en Afrique. La concession de licences à des opérateurs privés était devenue la règle générale. Près des deux tiers des pays africains disposaient déjà d'un réseau, à la fin de l'année 1996, contre 23 un an plutôt; et aujourd'hui, on ne pourrait compter.
    Relativement délaissé pour le moment par les opérateurs publics africains, le développement de la télévision par câble pourrait bien être relancé. Mais c'est avec le réseau Internet que tous les espoirs en 1997, sembleront permis.
    Même si des freins considérables existent encore de nos jours, le secteur est promu à un bel avenir.

    BALANGWE Yannick


  • Commentaires

    1
    bobo
    Lundi 12 Juillet 2010 à 13:53
    malheureux
    c'est vraiment malheureux qu'on est arriver à ce niveau mais tinkiet les hommes du marketing vont faire évoluer les choses.
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